Willow Priest | Présentation

Histoire

« Tu seras un poison pour le monde entier, tu le seras même pour ceux que tu voudras posséder. Ils y survivront, tant que tu ne les mordras pas. »

Il fut un temps où la bête n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui. Il fut un temps où la bête était un enfant dont les orphelins enviaient la place. Autrefois, Baltimare était une ville portuaire où royauté n'était pas présente. La richesse de la ville attirait la haute noblesse. La concentration de rareté et d'étrangers sonnait comme le plus délicieux des repères pour les viles créatures se cachant dans la société. Elle sonnait comme une douce délivrance pour la veuve noire en chasse d'une proie. Femme fatale à laquelle rien ne résistait, celle qui devint plus tard la génitrice de la bête avait tout pour plaire. Son ingéniosité était son plus grand atout et son corps une arme mortelle. De ce temps où la noblesse se croyait déjà invincible, un marquis se démarqua de ses semblables. La veuve noire n'éprouva jamais quelconque sentiment pour cet homme, mais ce qui donnait un sens à sa vie était la gourmandise et cet étalon qui avait tout pour réussir était un mets de qualité.

Comme chacun, l'homme tomba sous le charme de l'araignée et fut dévoré à petit feu. Chaque soupire de plaisir était un souffle en moins dans sa longévité. Chaque pensée pour elle était un étau qui se resserrait. Il s'adonna à cette femme autant de fois qu'elle le désirait, car il était impossible de résister une fois qu'on y avait goûté. La consommation de cet union perdura dans le temps, jusqu'à ce qu'un enfant vienne au monde. Il n'y avait chez cet enfant rien d'alarmant, rien si ce n'était que ses crocs aiguisés qui pourtant furent ignorés de son paternel. La bête n'était à ce moment-là qu'un nourrisson innocent dont les dents ne représentaient rien. L'étalon accepta la progéniture, pas par amour, mais par cupidité. Enfant servant de mobile pour posséder la veuve noire, Willow Priest fut un outil aux manigances du marquis qui convoitait la femme que nombreux désiraient. Comme un poison insidieux, elle avait contaminé le sang bleu et faisait de lui ce qu'elle voulait.

Elle faisait de lui ce dont elle avait envie, jusqu'à ce qu'elle se lasse. L'homme attendit sa belle, furieux, désemparé, désespéré... Il n'y avait qu'elle dans son esprit et rien ne pouvait l'en détourner. Rien, pas même les cris de son bébé. La bête n'était autrefois qu'un petit garçon innocent. Un innocent qui n'en resta pas longtemps un. Lorsque ni gouvernante, ni domestiques ne parvinrent à calmer sa faim et ses larmes, ce fut au tour du médecin de venir. Mais rien ne se produisit. L'appétit anormale n'avait de sens et le marquis qui ne s'était occupé de l'enfant fit le nécessaire pour lui venir en aide. Aveuglé par le maléfice de la dévoreuse, il refusa de perdre l'unique lien qui pourrait lui ramener l'araignée, mais lorsque l'absence lui rendit ses sens, ce fut la culpabilité qui le rattrapa. Puis la honte. La honte de voir son sang souillé par celui d'un monstre. Il apprit l'origine de la veuve noire lorsqu'un mage se pencha sur le cas de l'enfant d'autrefois. Et le marquis fut horrifié et dégoûté.

La colère le poussa à rédiger une prime sur la belle, mais il s'avisa en brûlant la requête. Ce ne fut pas l'amour qui l'arrêta. Ce fut la plus grande des hontes d'avoir été piégé. Ce fut la peur qu'on sache la vérité. Ce fut la crainte d'être destitué ou exécuté. Comme un secret bien gardé, les origines du bébé furent dissimulés et le mage soudoyé. Présenté au reste de la noblesse lorsqu'il avait été possédé par la dévoreuse, il ne pouvait cacher l'existence de l'abomination. Il fit alors en sorte qu'on ignore ses anomalies. La voix de velours de l'enfant et son apparence gracieuse le soulagea d'un poids et pour nourrir la faim insatiable, il lui offrit toutes les compagnes dont il aurait besoin. Parents dans le besoin souhaitant se faire un peu d'argent n'avaient qu'à vendre le corps de leur fillette pour s'offrir à son fils. Prostituées en perte d'audience n'avaient qu'à tenir leur langue sur la relation pédophile qu'elles entreprenaient avec le garçon grandissant. Lorsqu'il n'y avait aucun moyen de satisfaire ses désirs par la présence d'un tiers, le marquis lui même offrait ses lèvres pour que l'hybride soit convenablement nourrit.

Mais Willow Priest n'était pas un enfant qu'on exhibait avec fierté, il demeurait une honte qu'on dissimulait. Pourtant, il ne souffrit que partiellement de cette situation. Il ne manquait de rien, jouissait d'une affection dès qu'il le quémandait. Seul le manque d'une mère et le regard horrifié qu'avait son géniteur lui rappelait sa condition. Jusqu'à ce que se dévoile le plus grand de ses Némésis. Le poison coula dans son sang, se répandit à travers ses pores tout autour de lui. Nuls ne remarqua le piège fatale qui se refermait lentement sur les occupants de la demeure, car il n'y avait ni douleur, ni symptôme visibles. Ses yeux captivèrent ceux qui le côtoyèrent, hypnotisés par leur changement de couleur au gré de ses humeurs. La cutie mark sur son flanc parut comme une évidence lorsqu'il se révéla qu'il avait une résistance particulière aux poisons. Ce qu'ils ignoraient, c'est qu'ils ne connaissaient là qu'une partie du maléfice.

Cette demeure emplit d'une odeur qu'on ne percevait guère était la plus cruelle des destructions. Lorsque les premières hallucinations se déclenchèrent, les prostituées ne furent consultées. Lorsque les premiers organes furent contaminés, il ne fallu que quelques jours de plus pour que la mort ne viennent les cueillir. Le marquis se fit soigner alors que le mal avait été clément, mais croyant sortit d'affaire de l'obscur maladie, il fini par y perdre la tête lorsqu'il resta alitait à son chevet, trop faible pour bouger. L'hécatombe ne tarda pas à se faire connaître et la perte de l'homme fit l'effet d'une bombe dans la ville portuaire qui craignit qu'une épidémie inconnue ne se déclenche. Il n'y avait qu'un seul survivant, celui qui deviendrait la bête. Le garçon devenu adolescent perdit son foyer et ses habitants les uns après les autres. Il les perdit tous jusqu'à ce qu'un homme aux vêtements sur mesure vienne y enquêter. Comme un voyant auquel on ne pouvait rien cacher, il emmena le garçon et démasqua ses sombres compétences. Il fut accusé de trahison et emprisonné, destitué de son titre et salissant à jamais le nom de sa famille.

Ce jour fut le plus important de sa vie. Willow Priest devint la bête.

Vices et tortures furent son quotidien. Plus qu'un assassin, il était un sujet d'expérience. Il fut privé de la chaleur des êtres vivants, ne retrouvant cette délivrance que lorsque la séance l'exigeait. Le garçon fut brisé jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de lui, rien à part une masse qui se déforma au fil des années. Et vint finalement ce second jour le plus important de sa vie, celui où il devint "Taurus". Reconstruit par la reine Prima Vierde, il devint l'un de ses instruments de torture. Lorsque la diva l'envoyait déchirer ses prisonniers de toutes les manières possibles, il recevait la sainte récompense, celle que la Faim lui réclamait, celle dont la Faim avait besoin. D'instrument de torture, il passa au statut de sabot vengeur de la reine, rejoignant les rangs des nettoyeurs pour éliminer ce qui se trouvait sur son passage.

Malgré les souffrances et les vices qui lui avaient été infligés, malgré l'addiction qu'on lui créa pour mieux le contrôler, son nouveau maître lui offrit un foyer et un second but. Willow Priest avait cessé d'exister il y a des années, il n'était plus qu'une bête. Une bête acceptant la torture, acceptant qu'on atténue son talent en le faisant devenir un chien de chasse. Il accepta tout ce qu'on lui attribua, car depuis le premier jour, c'est la Faim qui avait conduit sa famille ici. Jusqu'à la fin, c'est la Faim qui le conduirait jusqu'au précipice. Il en serait toujours ainsi.