Personnalité
• Père, Scarlet Stream • L'avantage d'avoir un fils tel que Golden Darkness, c'est qu'il n'est pas du genre contraignant. J'irais même jusqu'à le qualifier de facile à vivre, en fait. Il sait à qui il doit obéissance et comprend ses responsabilités ; quoi que je ne dirais pas qu'il les prenne au sérieux. Sa légèreté est décalée dans un environnement sanglant comme le sien, et il m'arrive avec tristesse de lui deviner une facette particulièrement amorale. Je suis incapable de le lui reprocher, cependant ; car je sais qu'il est un esprit sensible et qu'en conséquence, il lui a fallu sacrifier sa propre nature pour surmonter les épreuves que j'ai pu lui imposer. Il a tant pleuré... Mais aujourd'hui les efforts ont payé. Il est désormais doué dans son art, et je suis particulièrement fier de lui.
• Mère, Nebula Veil • Mon fils est un jeune homme remarquable, malgré l'éducation inhumaine que mon imbécile de mari lui a prodigué. Il est respectueux et avenant, bon vivant, et possède sans aucun doute le plus beau sourire de tous les poneys des trois Royaumes. En revanche, il apprécie un peu trop empiéter l'espace personnel d'autrui ; tout en, paradoxalement, ne supportant pas d'être touché. C'est malheureux que mes tentatives de câlins se soldent généralement par des échecs.
Golden n'est pas non plus le style à nous poser des problèmes... Il n'en a même jamais posé. Il s'efface trop, selon moi : pas une seule fois je ne l'ai entendu se plaindre ou broncher. J'aimerais tellement lui apprendre à penser à lui...
• Frère, Silver Night • En dépit de toute l'affection que je lui porte, mon frère me met mal à l'aise. Il a malgré son hygiène irréprochable, constamment cette odeur quasi imperceptible de sang, de mort et parfois même de pourriture rance sur lui. Et sa voix profonde et touchante, soigneusement articulée, agréable... Elle l'est trop pour m'inspirer confiance. Je sais à quoi tout cela est dû et j'aurais aimé qu'il en soit autrement, car Gold' est doté d'une intelligence connaisseuse et d'un instinct clairvoyant. Il mérite à mon sens beaucoup mieux que cet avenir.
Heureusement, cela ne m'empêche pas de profiter avec plaisir de nos rares moments privilégiés, lorsque nous nous promenons seuls avec pour unique conversation la description qu'il me fait de tout ce que je suis incapable de voir.
• Sœur, Dappled Sky • Lui et papa, ils sont super secrets et ils ne disent jamais rien sur eux ou sur leur activité dégueulasse. Pas que je m'en plaigne, ça me couperait l'appétit à coup sûr. Goldy' est malgré tout attentif et parfois attentionné (du moins quand il a le temps de l'être). Bienveillant, quoi. Mais il reste bizarre. Parfois il devient super tendu ou nerveux d'un seul coup, sans raisons, ou bien il dit des trucs vachement sombres sur un ton léger comme s'il parlait de la pluie et du beau temps. Ça me donne des frissons dans le dos, j'arrive jamais à être totalement à l'aise avec lui.
Mais ce que je déteste par-dessus tout, c'est quand je dois lui servir d'alibi pour ses coups d'un soir. Heureusement que c'est pas souvent et qu'il me rend la pareille, sinon ça ferait longtemps que je l'aurais cafté ! Quoi que pour sa défense, il m'a déjà sauvé du pétrin à de nombreuses reprises. Avec sa formation à l'armée, il sait bien se battre et il a l'air d'avoir pas mal d'expérience. Il manque toujours un peu de vivacité quand il est face à un groupe de combattants, mais il est carrément redoutable en combat singulier. C'est impressionnant de le voir taper exactement là où il faut pour mettre ses adversaires à terre. Là-dessus -mais juste là-dessus-, j'avoue que je suis fière de l'avoir comme frère.
• Taletaller • Goldy' c'est un chic type, ça oui. Il prend soin de moi et de ses affaires en général, et il prend toujours le temps de me parler et de me faire plaisir en me laissant mâchouiller des trucs. Il est blagueur et souvent enjoué et il a l'air de connaître tout le monde... Tout en n'étant proche de personne. Il a l'air un peu seul, parfois, en fait. Mais il sourit toujours. C'est cool de sa part.
Ce qui est un peu moins cool, par contre, c'est son étrange fascination pour tout ce qui sort de l'ordinaire. Le commun le fait pioncer en moins de deux, faut dire. Et franchement ça poserait pas problème, si au bout d'un temps et à force d'apprendre à connaître la chose extraordinaire elle devenait pas ordinaire à ses yeux. Ça fait de mal quand c'est un objet, vous me direz ; mais quand c'est une personne un tant soit peu à part qui s'attache à Goldy', pour finalement le voir se lasser ostensiblement et s'éloigner d'elle, ça fait déjà un peu plus bobo. Le pire, c'est qu'il se rend même pas compte des sentiments qu'il blesse au passage. Quelle prune.
• Récapitulatif •
Amoral. Doué dans l'art de la torture. Bon vivant. Avenant. Facile à vivre. A du mal avec le contact corporel (ça ne l'empêche pas d'avoir quelques coups d'un soir). Sait bien se battre (plus désavantagé que la moyenne face à une supériorité numérique, mais dévastateur en combat singulier). Voix profonde et touchante, articulée et agréable (attire une confiance totale ou une méfiance totale selon les individus). Clairvoyant. Devient parfois nerveux sans raison apparente (à cause de son talent). Absolument fasciné par ce qui sort de l'ordinaire mais s'en lasse aussi très vite.
Histoire
• PROLOGUE •
Golden Darkness est un peu trop jeune pour comprendre.
Il ne saisit pas que son nom lui vient du souverain du Royaume et que c’est en son hommage que son paternel le lui a donné. Il ignore ce que sa naissance a d'ailleurs signifié pour son père : le déshonneur. Le digne Scarlet Stream, avec une Terrestre ? Impensable, plus particulièrement au sein de la noblesse ! Lui qui travaillait autrefois en tant que l’un des médecins et anciens soldats de renommée les plus respectés du Rising Sun Protectorate, fut aussitôt destitué de son rang lorsqu’il choisit d’aimer la dénommée Nebula Veil.
Elle est forte sa maman. Et belle. Golden ne comprend pas pourquoi elle est méprisée. Il ne comprend pas encore qu’il l’est, lui aussi.
En « hommage pour ses services rendus », son père n’a néanmoins pas été laissé totalement démuni. Son seul métier est désormais celui, dégradant mais pas moins nécessaire, de bourreau et tortionnaire. Le jeune poney l’ignore, mais c’était une activité qu’il exerçait déjà avant pour son monarque -dans le plus grand secret. Aujourd’hui, tout le monde sait comment sa famille gagne sa vie, un peu comme si Golden Primus avait voulu leur peindre des cibles rouges dans le dos afin d’attiser la haine et -peut-être, avec un peu de chance, la vengeance de leurs victimes.
Mais ça non plus, Golden Darkness ne le comprend pas.
• CHAPITRE I •
Avec la situation épineuse dans laquelle s’est fourrée sa famille, Golden Darkness a très vite obtenu sa Cutie Mark -ironiquement. Son talent lui permet d’éviter bien des ennuis et bien des catastrophes. Il a un bon instinct ; et d’ailleurs, son instinct lui dit que c’était franchement une mauvaise idée de la part de ses parents d’avoir deux autres gosses. Une Licorne (aveugle de naissance, parce que sinon l’ironie se serait perdue), et une petite Terrestre. Il aime beaucoup son petit frère, Silver Night, qui est paisible et parfaitement capable malgré son handicap ; sa sœur, un peu moins. Dappled Sky est trop turbulente à son goût et se fourre beaucoup trop vite et beaucoup trop sûrement dans le pétrin. Elle leur cause beaucoup d’ennuis.
Il n’a néanmoins pas beaucoup de temps pour jouer avec eux. Son père l’entraîne toujours dans les cachots les plus sombres et les plus humides. «
Pour t’habituer et t’apprendre », dit-il. Et c’est ce que Golden Darkness fait, sagement. Il voit les écorchés, inhale l’odeur de la chair brûlée et découvre ce à quoi les membres arrachés ressemblent. Lui-même, au début, vomissait presque tout le temps. Il lui arrivait aussi de crier d’effroi, et beaucoup plus souvent de fondre en larmes. Puis, petit à petit, comme le disait son père, il s’est habitué. Et bientôt ça ne lui a plus fait grand-chose.
Sa mère déteste ça. Elle s’est déjà disputée plusieurs fois avec avec son père, sans parvenir à le faire changer d’avis. À présent, Golden Darkness est assez grand pour comprendre, sans vraiment réaliser pour autant : il est le sacrifice de la famille. C’est lui qui doit faire le sale boulot, parce qu’il est l’aîné, pour que sa fratrie n’ait jamais à subir à ce spectacle… Ni à y participer.
Pour le moment, il n’a jamais pu toucher à un véritable prisonnier. Il baisse les yeux, se cache et se fait minuscule lorsqu’ils reçoivent la visite du Roi et de la Princesse -généralement, pour leur confier de nouvelles instructions de haut de leur mépris haineux. Lorsqu’ils ont le temps, son père joue au prisonnier et lui au tortionnaire. Il lui apprend les méthodes pour jouer avec le mental de ses victimes. Pour mieux les briser. Il lui apprend aussi la médecine dans une moindre mesure, pour que le très jeune poney comprenne le corps et son fonctionnement -pour savoir quoi en faire et comment le faire.
Il est presque grand et il comprend, mais il ne réalisera jamais à quel point c’est une chose horrible.
• CHAPITRE II •
Sur l’incitation de son père, Golden Darkness est allé à l’école militaire de Baltimare. En fils exemplaire, il ne s’en est pas plaint et s’est rapidement plié à sa décision -à dix ans, de toute façon, l'on a pas l’idée de désobéir à ses parents. Il y a passé six années complètes pendant lesquelles il apprit à se défendre puis à se battre ; tandis qu'en parallèle, il continuait d’étudier la médecine et l’art chirurgical de la torture auprès de son père. Ce dernier lui a par ailleurs offert, en récompense de tous ses efforts, un vêtement enchanté lui procurant une vague sorte de magie de télékinésie -bien entendu, son utilité s'est révélée bien vite dans la précision de ses gestes alors qu'il usait d'instruments de torture.
C'est en conséquence qu'il eut encore moins de temps ces dernières années pour voir sa sœur et son frère, ou encore sa mère -et cette dernière ne s’en est jamais réjouie.
Qu’importe, il ne peut y faire grand-chose. Le poney se contente de survivre aux brimades de ses camarades Licornes, Pégases ou encore Batponies et de se faire bon vivant.
Car Golden a le moral plus solide qu’on ne l’imagine de prime abord. Peut-être est-ce parce qu’il sait comment le mental se brise qu’il est capable de garder le sien intact. C'est sans surprise qu'il aimerait parfois user de ses talents et briser ceux qui sont si gratuitement cruels envers lui, mais son père le lui a formellement interdit. Selon lui, cela ne ferait qu’attirer le malheur sur la famille.
Alors il s’écrase et obéit.
• CHAPITRE III •
Du haut de ses vingt-trois ans, entraîné continuellement et assidûment depuis son plus jeune âge, Golden Darkness est désormais un bourreau et tortionnaire aguerri. Il ne pleure plus, ne vomit plus, ne grimace même plus. La douleur d’autrui est une partition qu’il sait écrire avec justesse, et leurs hurlements une mélodie qu’il lui plaît presque de jouer. À ses dix-huit ans, son père lui a offert un Taletaller flambant neuf et de très haute qualité (c’était, selon son paternel, le fruit de nombreuses économies). Il en use très souvent pour communiquer avec sa mère -même s’ils habitent sous le même toit. Ces conversations aux airs de secrets d’État lui permet de se rapprocher un peu d’elle et de rattraper le temps perdu… Tout du moins, c’est l’impression qu’il en a. Cela lui fait plaisir.
Son frère et sa sœur ont majoritairement grandi indépendamment de lui. Ils sont tous deux très liés ; l’aîné, quant à lui, est malgré toute sa bonne volonté à l’écart de leur complicité. Il les envie un peu. Parfois beaucoup plus, au point de les jalouser et de leur en vouloir. Puis il se rappelle combien il les aime, envers et contre tout, et que c’est ce pourquoi il a hérité du sale boulot et pas eux. Pour les préserver.
Il n’est peut-être finalement proche que de son père -personnage pourtant trop sombre et trop taciturne pour lui procurer un réel sentiment d’appartenance, malgré l’amour évident et sincère qu’il porte en sa famille.
Alors, en fin de compte, il réalise que son Taletaller demeure sa compagnie la plus fiable et la plus proche.
Il a pitié de lui-même.
• CHAPITRE IV •
[NC -16]
La maison est en feu.
Pas n’importe quel maison, en fait. La sienne.
Il est sorti, cette après-midi là, avec sa sœur. Pour le plaisir rare de passer du temps avec elle. Silver Night, son petit frère, est resté à la maison pour travailler -une série d’examens compliqués l’attend, paraît-il. Silver se place toujours la barre très haute. Pour l’occasion, sa mère s’est même proposée de l’aider.
Son père, quant à lui, est occupé avec un « client » depuis la fin de matinée et n’est toujours pas revenu.
Dans sa stupeur, Golden Darkness entend des bribes de conversation. «
Sa Majesté a jugé que le nom du fils était un affront à la mémoire de son père ». «
Non, c’est faux, c’est juste que ce sont des traîtres ! Ils se sont alliés aux rebelles ! ». «
Pas étonnant, ce sont des poneys Terrestres ». Chaque justification lui paraît plus abracadabrante les unes que les autres et il peine à réaliser.
Sa sœur s’élance. Il n’a pas le temps de l’arrêter, alors il la poursuit et pénètre avec elle dans la maison en flammes. Elle hurle, pleure, appelle sa mère et son frère. Golden observe les alentours sans parvenir à se débarrasser de son mauvais pressentiment et de la fumée noire originaire de son talent qui lui obstrue un peu la vue.
Soudain, en haut des escaliers, il aperçoit Silver Night. Sa sœur aussi : elle court vers lui, l’air soulagée comme elle ne l’a jamais été, l'aîné de la fratrie à sa suite.
Puis dans un éclair de compréhension, il s’arrête net.
Et voit Dappled Sky se faire écraser par une partie du plafond qui vient de s'écrouler. Une poutre tombe avec fracas quelques centimètres à peine devant son museau. Le choc passé, Golden Darkness baisse les yeux et voit une flaque de sang se former parmi quelques boyaux éjectés hors du corps de sa sœur comme un tube de dentifrice. Il n’a pas besoin de pousser l’investigation plus loin.
Golden tourne son regard vers Silver. Son talent d’écholocation l’a certainement informé de ce qu’il vient se passer, et il a fait les conclusions tout seul. Sa bouche grande ouverte pousse un hurlement qui jamais ne sortira.
Ce qui en sort, en fait, c’est la pointe d’une épée. Celle qui lui transperce la gorge et passe à travers sa bouche ensanglantée.
Celle qui le tue sur le coup.
Golden Darkness ne crie pas, ne vomit pas. Ne grimace pas. Il a déjà vu tellement, tellement pire. Et il a lui-même infligé des sévices bien plus terribles.
Il est pourtant mieux figé qu’une statue de pierre, comme lorsqu’il a assisté pour la première fois au travail de son père.
Son père.
Probablement déjà tué par la Reine, dans les cachots, comme un moins que rien.
Le corps de son frère s’écroule lorsque l’épée le relâche. Apparaît derrière un soldat à l’air expérimenté, pas tellement perturbé par les évènements -peut-être un peu pressé, sans doute, à cause de la maison qui menace de s’écrouler. Sa mère aussi doit déjà être morte.
Le soldat ne l'a pas vu, grâce aux décombres.
Soudain, une voix familière l’appelle. «
Gold’ ! Yo, Golden Darkness, c’est toi ? Dis-moi que c’est toi bordel de merde, j'veux pas mourir ici, j'veux pas mourir... » La voix prend un ton misérable, comme si elle allait pleurer. Il la reconnaît. Et elle le libère de sa torpeur.
Il pique un sprint vers sa source. Là, il retrouve son Taletaller (il est parsemé d’entailles et souffre à l’évidence beaucoup), l’enroule dans son écharpe et décide de sortir par l’entrée de derrière.
Il croise un garde seul sur le chemin dans sa maison. Il lui brise la colonne vertébrale avec méthode, sans une once d’hésitation. La lésion dans sa moelle épinière l'empêchera de marcher pour le restant de sa vie.
Et il s’enfuit.
• CHAPITRE V •
Golden a beaucoup couru. Il est sorti de la ville, parce qu’il n’est pas stupide, et qu’il sait qu’il y serait tué s’il osait rester. Il n’a personne chez qui se réfugier : sa famille est-… Était soudée entre elle, mais elle n’a pas d’amis notables depuis la perte de son statut noble.
Il suit donc les indications de son talent -le seul qui puisse encore le sauver.
Il le mène à l’Everfree Forest.
Vraiment ? Il aimerait chercher un autre chemin, mais aucun ne dissipe sa fumée noire aussi sûrement que celui-ci. Il n’a pas le choix.
Il s’y engouffre, serre son Taletaller contre lui et prie pour leur vie.
• CHAPITRE VI •
Il a atteint les Convallaria Majalis. Jusqu’à aujourd’hui, ils n’ont jamais existé dans son esprit que comme une légende. Il a désormais la preuve que non seulement ils existent, mais qu’en plus ils se révèlent envers lui plus bienveillant que n’importe quel autre citoyen du Rising Sun ne l’a jamais été à son égard.
C’est perturbant.
Il leur a raconté son histoire. Dans les très grandes lignes. Sa maison a été brûlé parce que son père a épousé une Terrestre. Il ne veut pas en dire plus. Cela ne lui apporterait rien de bon : il se souvient avoir torturé et exécuté un certain nombre de Zèbres et Hybrides en tout genre.
Ils l’acceptent parmi eux, semble-t-il. Il a beau aider pour plusieurs corvées, il n’a pas encore de rôle attitré (il n’est là que depuis quelques jours à peine, après tout), mais ils ne lui demandent pas de partir. En fait, c’est plutôt l’inverse : selon eux, il peut rester aussi longtemps que son cœur le lui dira.
En attendant, il y restera surtout aussi longtemps que son sixième sens le lui dictera.
• ÉPILOGUE •
Golden Darkness est finalement resté plus longtemps qu'il ne l'aurait imaginé. Plusieurs mois, en fait. Il a fini par s'habituer un peu mieux à l'environnement si étrange et indépendant de ses habitants, ainsi qu'à sa faune et à sa flore -sans pouvoir prétendre la connaître pour autant. Il a même fini par se stabiliser sur le rôle de Gardien ; ce dernier lui convient très bien, et lui change pour ainsi dire énormément de son précédent travail beaucoup moins pacifiste et bienveillant.
Il serait néanmoins plus judicieux de parler de sa mère.
Celle qui est encore en vie.
Et qui l'a contacté via Taletaller, un mois après son arrivée chez les Convallaria Majalis.
Elle lui a rendu une unique visite à l'Everfree Forest. Elle paraissait pressée, tendue.
Golden a tout bonnement éclaté en sanglots en la découvrant bel et bien vivante. Il se souvient s'être alors rappelé toutes les fois où, seul avec lui-même, il avait pleuré sa mort -à elle et au reste de sa famille.
En voyant son fils pleurer, Nebula Veil a semblé s'apaiser, et a pris le temps de consoler et de renouer avec l'unique survivant parmi ses enfants.
Ils ont beaucoup parlé. Elle lui a expliqué ce pourquoi elle n'a pu le contacter plus tôt : son Taletaller avait été tracé par une magie spéciale (probablement un talent) et elle aurait parait-il mis Golden en danger en le contactant. Elle n'a en revanche pas su lui dire pourquoi exactement leur famille a été si soudainement tué.
Ou peut-être a-t-elle simplement refusé de le dire -c'est ce qu'il soupçonne. Nebula Veil ne paraissait pas désemparée par la situation comme une mère venant de perdre sa famille toute entière.
Jamais elle ne lui parut aussi mystérieuse et secrète qu'en ce jour.
Golden Darkness réalise qu'il ne s'était jusque là jamais rendu compte, qu'il ne sait absolument rien du passé de sa mère. Probablement parce qu'ils n'ont jamais été suffisamment complices.
Peut-être que de toute sa famille, il était le seul à en savoir si peu. Ou peut-être partageaient-ils tous la même ignorance. Il ne le saura jamais, maintenant.
Lorsqu'elle choisit de repartir sous couvert d'un peu convaincant «
c’est mieux pour tout le monde ainsi », elle lui demande un service. Verser une goutte de son sang dans le collier qu'elle porte constamment sur elle. Golden accepte.
Depuis, elle le téléporte à elle.
À des moments hasardeux. Parfois en prenant soin de le prévenir via Taletaller, parfois en le prenant totalement au dépourvu. Il lui arrive d'atterrir très, très loin du Rising Sun Protectorate, dans un autre Royaume -ce pourquoi elle lui a confié un document apparemment officiel, l'autorisant à traverser librement les Royaumes en question du fait de son soi-disant travail de
Postier Privé. Apparemment pour plus de crédibilité, elle lui donne toujours au passage un colis, ou une lettre à donner à un certain personnage. Ils passent ensuite un peu de temps ensemble ; puis elle le laisse rentrer à l'Everfree Forest, seul, lorsqu'elle n'a pas la possibilité de l'accompagner sur une partie du trajet.
Golden Darkness ne comprend pas à quoi ça rime. Il a l'impression d'être le dindon d'une farce qui ne fait rire que sa mère. Il la soupçonne de faire partie des rebelles, bien qu'il ne soit que peu convaincu par sa propre théorie... Mais c'est encore la plus crédible.
Quoi qu'il en soit, cela lui fait une sacrée réputation au sein des Convallaria Majalis. Il lui arrive parfois de disparaître plusieurs semaines dans un
pof à moitié attendu avant de pouvoir revenir à eux, et si le phénomène reste bizarre pour certains, d'autres semblent aimer que l'étrange poney leur raconte ensuite ses aventures et les informe sur les derniers évènements des Royaumes.
Il va finir par s'y faire, de toute façon.
Il l'espère.